Notre Dame de Pellevoisin
Tout commença en 1875, lorsqu’une jeune femme frappée d’un mal incurable, Estelle Faguette, décida, dans un ultime élan de foi, d’écrire à la Vierge Marie.

De sa main tremblante, elle rédigea une lettre où se mêlaient la douleur, l’espérance et l’amour filial :
« Accordez-moi donc, de votre divin Fils, la santé de mon pauvre corps pour sa gloire.
Regardez la douleur de mes parents : vous savez bien qu’ils n’ont que moi pour ressources. »
Employée au service de la noble famille de La Rochefoucauld, Estelle fit déposer sa lettre dans la grotte de Montbel, une réplique de celle de Lourdes construite dans le parc du château familial.

Quelques mois plus tard, l’impossible se produisit : la Vierge Marie lui répondit… non par écrit, mais par la lumière et la parole.
Les quinze apparitions
Entre février et décembre 1876, Estelle affirme avoir reçu quinze visites de la Vierge.
La Mère de Dieu lui aurait parlé, lui révélant un message de paix, de confiance et de miséricorde, et lui aurait confié une mission : faire connaître le scapulaire du Sacré-Cœur, symbole d’amour et de réparation.

Autour d’elle, les témoins s’interrogent : la mourante, condamnée par la médecine, commence à recouvrer la santé.
Ce que l’on prenait pour un dernier délire devient alors un signe de guérison.
La comtesse de La Rochefoucauld, bouleversée, s’engage pour faire reconnaître le prodige.
La comtesse et l’archevêque
Convaincue du caractère surnaturel des faits, la comtesse interpelle Monseigneur Charles-Amable de Latour d’Auvergne-Lauraguais, archevêque de Bourges.

Après plusieurs échanges et enquêtes, l’autorité ecclésiastique finit par autoriser le culte de Notre-Dame de Pellevoisin.
La chambre d’Estelle est alors transformée en chapelle de dévotion, aujourd’hui encore lieu de recueillement et de pèlerinage.
Une vie marquée par la souffrance et la foi
Née le 12 septembre 1843 à Saint-Memmie, près de Châlons-sur-Marne, Estelle grandit dans une famille modeste. Son père, aubergiste et exploitant d’une carrière de craie, perd tout dans un revers de fortune, contraignant les siens à s’installer à Paris.
À quinze ans, Estelle tombe gravement malade ; à dix-sept, elle entre au noviciat des Augustines hospitalières de l’Hôtel-Dieu.
Mais en 1863, une chute lui laisse une infirmité permanente au genou.
Elle doit renoncer à ses vœux et quitte la vie religieuse.
Le destin, pourtant, la ramène sur un autre chemin : elle entre au service de la comtesse de La Rochefoucauld, d’abord comme couturière, puis comme femme de chambre attitrée. C’est à Montbel, l’une des résidences familiales, qu’elle découvre la paix et la prière… avant que la maladie ne frappe de nouveau.
Le miracle de Pellevoisin
En août 1875, Estelle est atteinte d’une péritonite chronique tuberculeuse.
Le professeur Bucquoy, de la faculté de médecine de Paris, la déclare perdue.
Ramenée à Pellevoisin pour y mourir, elle rédige alors la fameuse lettre à la Vierge.
Quelques semaines plus tard, le 14 février 1876, son médecin ne lui donne plus que quelques heures à vivre.
Mais cette nuit-là, Estelle affirme voir une lumière éclatante et la silhouette de la Vierge Marie.
Les jours passent ; la fièvre retombe ; la mourante se redresse.
Son entourage parle de guérison miraculeuse.
L’histoire se répand, et Pellevoisin devient un lieu de ferveur populaire.
Une vie d’humilité et de service
Après les apparitions, Estelle se retire dans la prière.
Elle vécut encore cinquante-trois années, fidèle au message reçu, visitant les pauvres, soutenant les malades et accueillant les pèlerins venus prier dans sa chambre.
Elle meurt à Pellevoisin le 23 août 1929, à l’âge de 86 ans. En 2018, un procès en béatification est ouvert, reconnaissant la valeur spirituelle de sa vie et la persistance du culte qui lui est consacré.
Le sanctuaire aujourd’hui
Le sanctuaire de Notre-Dame de Pellevoisin, au cœur du Berry, reste un lieu de paix et de prière.
La chambre d’Estelle, devenue chapelle, conserve l’atmosphère d’une présence douce et lumineuse.
Les pèlerins y viennent déposer leurs fardeaux et confier leurs espoirs, perpétuant la promesse de miséricorde transmise en 1876.

Un message pour les temps modernes
Le message d’Estelle s’inscrit dans la continuité des grandes révélations mariales du XIXᵉ siècle — Lourdes, Paray-le-Monial, Pontmain.
Il rappelle la puissance du Sacré-Cœur et la nécessité de la confiance dans la miséricorde divine.
Mais il porte aussi un écho plus intime : celui de la compassion humaine, du service humble et du don de soi.
la voix d’une femme simple
Estelle Faguette repose au cimetière de Pellevoisin, au pied du sanctuaire.
Son histoire, entre douleur et lumière, interroge encore :
Faut-il être grand pour recevoir le Ciel ?
Ou suffit-il d’être sincère, fidèle et aimant ? Par son humilité et sa persévérance, Estelle Faguette incarne la sainteté du quotidien — cette foi silencieuse qui traverse les âges et qui, dans la fragilité des corps, révèle la grandeur de l’âme.
