Roubichoux et les protochrétiens

Roubichoux et les protochrétiens

Le 27 avril 2003, un article anodin parut dans la presse locale. Peu de lecteurs y prêtèrent attention.
Et pourtant, derrière ces quelques colonnes modestes, se cachait peut-être l’une des plus étonnantes découvertes archéologiques du sud de la France, une découverte susceptible de bouleverser notre compréhension des origines du christianisme en Gaule.

L’affaire commence dans un lieu discret et chargé d’histoire : le hameau de Roubichoux, dépendant du village de Sonnac-sur-l’Hers, au cœur du département de l’Aude — une terre déjà riche en mystères, à quelques kilomètres seulement de Rennes-le-Château.


Un rêve d’histoire et de pierre

Tout débute une dizaine d’années auparavant, lorsqu’un habitant du hameau, Jean-Luc Bénet, animé d’une passion sincère pour le patrimoine et les vieilles pierres, décide de sauver de l’oubli une chapelle en ruines, envahie par la végétation.

Cette chapelle, dédiée à Saint-André, fut édifiée aux alentours de 1115, sur un site dont les origines, nous allons le voir, semblent bien antérieures à l’époque médiévale.

Jean-Luc Bénet fonde alors une association, Les Compagnons de Roubichoux, et réunit autour de lui une poignée de bénévoles enthousiastes. Pendant près de dix ans, ces amoureux d’histoire et de foi consacrent leurs week-ends et leurs soirées à redresser les murs écroulés, reconstruire la toiture, restaurer les autels et redonner vie à l’esprit du lieu.

Et finalement, après une décennie d’efforts, la chapelle Saint-André renaît de ses cendres, resplendissante au cœur du hameau, humble témoin de l’histoire spirituelle du pays cathare.

La chapelle Saint-André de Roubichoux

Une découverte inattendue

Alors que les derniers échafaudages sont démontés et les outils rangés, Jean-Luc Bénet et l’un de ses compagnons, Antoine, remarquent deux pierres enfoncées dans le sol, dissimulées sous un pan de chantier. Intrigués, ils décident de les dégager.

Sous la poussière et la mousse, apparaissent des gravures d’une surprenante beauté :
des parallélépipèdes décorés de cercles, des symboles étranges, des figures humaines stylisées, des mains ouvertes, des serpents… autant de motifs archaïques, manifestement très anciens, qui ne semblent appartenir ni à l’art roman, ni à l’iconographie chrétienne traditionnelle.

Les pierres de Roubichoux

Mais la véritable énigme surgit lorsqu’ils distinguent, au milieu des dessins, des inscriptions gravées dans une langue inconnue. Des lettres aux formes sinueuses qui échappent à toute lecture immédiate.


Des signes venus d’un autre temps

Les Compagnons de Roubichoux font alors appel à plusieurs érudits et spécialistes.
Parmi eux, Jacques Touchet, historien et chercheur reconnu pour ses travaux sur les premiers siècles du christianisme, se rend sur place. Après examen, il émet un diagnostic sans appel :

« Ces inscriptions sont rédigées en araméen ou en copte ancien. »

Symboles anciens sur la pierre de Roubichoux

Autrement dit, il s’agit là d’écritures utilisées dans les tout premiers temps du christianisme, au sein de communautés issues du judaïsme primitif.
Ces pierres, enfouies sous la chapelle médiévale, pourraient donc avoir appartenu à un lieu de culte antérieur — voire à une synagogue transformée plus tard en chapelle chrétienne.


Des protochrétiens dans l’Aude ?

La découverte ouvre un champ vertigineux d’hypothèses.
Et si, bien avant l’édification de la chapelle Saint-André, un groupe de croyants — des juifs convertis aux enseignements du Christ, autrement dit des protochrétiens — s’était établi dans cette vallée isolée ?

Ces premiers disciples auraient pu fuir la répression qui s’abattit sur les communautés judéo-chrétiennes de Palestine, de Judée ou de Galilée après la destruction du Temple de Jérusalem (an 70).
Cherchant un refuge lointain, ils auraient trouvé en Gaule méridionale un havre de paix.

L’hypothèse rejoint la tradition provençale selon laquelle Marie-Madeleine, Lazare, Marthe, Joseph d’Arimathie et leurs compagnons auraient abordé les côtes de la Camargue, apportant avec eux la parole du Christ.

Marie-Madeleine

Et si certains de ces disciples avaient poursuivi leur route vers l’ouest, jusqu’aux contreforts de la Montagne Noire ?


Une région sous haute vibration spirituelle

Roubichoux se trouve à moins de 20 kilomètres à vol d’oiseau de Rennes-le-Château, autre haut lieu du mystère et de la foi cachée.
Ce rapprochement géographique ne saurait être fortuit.

Comme je le souligne , le fameux curé Bérenger Saunière aurait lui aussi mis la main sur des écrits très anciens, peut-être issus de traditions gnostiques ou protochrétiennes.
Ces textes, qui présentaient un visage différent du christianisme primitif — plus ésotérique, plus symbolique, plus intérieur — auraient pu provenir des mêmes sources que celles de Roubichoux.

Qu’à découvert Bérenger Saunière,
curé de Rennes-Le-Château

Et si le secret de Rennes-le-Château et celui de Roubichoux n’étaient que les deux fragments d’un même héritage spirituel, transmis à travers les siècles par des initiés silencieux ?


Entre archéologie et spiritualité

Aujourd’hui encore, la découverte des pierres gravées de Roubichoux fascine chercheurs et amateurs d’archéologie sacrée.
Certains y voient une preuve tangible de la présence de communautés chrétiennes , d’autres une trace gnostique liée à l’enseignement caché de Jésus.

Mais quelle que soit la lecture qu’on en fasse, le message de ces pierres traverse le temps : il parle d’une foi pure et originelle, d’une rencontre entre le judaïsme et le christianisme naissant, et d’un pont mystérieux entre l’Orient et l’Occident.


Une chapelle, une mémoire, un signe

Grâce à l’œuvre patiente des Compagnons de Roubichoux, la chapelle Saint-André s’élève de nouveau, comme une sentinelle silencieuse de l’histoire spirituelle du Languedoc.
Sous ses fondations, le sol garde encore les traces d’un passé plus ancien que nos chroniques.

Et peut-être, dans ces pierres gravées, se trouve la clé d’une histoire oubliée : celle des premiers croyants venus d’Orient, porteurs d’une lumière antérieure aux dogmes, d’un message universel que le temps n’a pas effacé.

Retrouvez la vidéo de l’interview de Jean-Luc Bénet, ex-président des Compagnons de Roubichoux, sur la chaîne Les Mystères de l’Histoire.

2 réflexions sur « Roubichoux et les protochrétiens »

  1. il m’a semblé reconnaître le nom “Yshua’h en araméen et Myriam dans l’inscription du milieu mais ce n’est pas tres clair ( l’usure du temps sans doute) en tous cas il s’agit bien d’hébreu ou d’araméen du temps de Yeshua ( premier siècle ou second au plus tard)

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