L’Ordre du Temple Solaire

L’Ordre du Temple Solaire

L’Ordre du Temple solaire (OTS), d’abord appelé Ordre International Chevaleresque de Tradition Solaire, est un groupe religieux ésotérique néo templier fondé en 1984 à Saconnex-d’Arve, en Suisse, par Luc Jouret et Joseph Di Mambro à la suite de la Fondation Golden Way de ce dernier. Ce faux ordre de chevalerie est principalement connu pour des suicides collectifs en Suisse, en France et au Canada ayant fait en tout 74 victimes en 1994, 1995 et 1997 et pour les controverses qui ont suivi. L’affaire a été un facteur majeur du durcissement de la lutte contre les sectes en France.

Source : Wikipédia

Mais il est nécessaire de revenir à sa génèse !

Les années 1950

Di Mambro, un ancien du SAC1 commence à pratiquer le spiritisme. Au-delà de toute démarche philosophique ou spirituelle, il fréquente un groupement successeur du Service d’action civique (SAC), fondé par Charles Pasqua2.

Fin des années 1960

Il est membre et responsable d’une loge de l’Antiquus Mysticusque Ordo Rosae Crucis3 (AMORC) de Nîmes, en France. Dans le début des années 1970, il fonde le Centre de Préparation à l’Age Nouveau (CPAN) à Collonges-sous-Salève.

1975, quand apparait Michel Tabachnik

Un groupe d’individus Genevois se nommant la Fraternité de la pyramide, se rencontre régulièrement dans une maison de la campagne genevoise afin d’y passer des moments de solidarité, de discussions et d’entraide touchant notamment des thèmes tels que l’alimentation et la spiritualité. Le chef d’orchestre Michel Tabachnik s’y rend, apprécie l’ambiance et en devient membre.

1977, La rencontre Tabachnik – Di Membro :

Il rencontre Joseph Di Mambro qui lui propose de reprendre de La Fraternité de la Pyramide et de la structurer.

1978, Création de la Fondation Golden Way

Les deux hommes créent la Fondation Golden Way, dont Michel Tabachnik devient le président. Localisée dans une villa à Saconnex-d’Arve, en Suisse, la fondation a pour but de discuter des problèmes de pollutions, d’environnement et des liens sociaux. Elle tend ainsi à développer une connaissance autour de l’évolution de la qualité de vie future telle que la vie saine, l’agriculture biologique ou encore les techniques de soins parallèles. Par des conférences (avec des invités comme Iannis Xenakis, Alexis Weissenberg, Nikita Magaloff, Hubert Reeves, Michel Jonasz), des recherches et des interviews télévisés, la fondation s’ouvre à la vie publique et politique.

Dès 1980 !

Joseph Di Mambro et Michel Tabachnik, tous deux intéressés par la philosophie, l’ésotérisme et la spiritualité, décident d’amener une vision mystique et religieuse à la fondation. Une pièce nommée le « Sanctuaire » y est aménagée afin d’y méditer et d’organiser des rituels servant à « entrer en lien avec le monde de l’invisible ». Les membres sont revêtus de capes blanches avec des symboles comme la rose rosicrucienne et la Croix des templiers. De son côté, Michel Tabachnik tient plusieurs conférences sur l’ésotérisme. Di Mambro crée également la société Amenta servant à diffuser les idéologies de la Fondation Golden Way et à recruter de nouveaux membres. Joseph Di Mambro est alors perçu par les membres de la fondation comme un médium, un être « Walk-in » (un être qui prend le corps d’un autre).

1981, l’arrivée de Luc Jouret

En 1981, Camille Pilet fait un infarctus et rencontre l’homéopathe belge Luc Jouret. Ce dernier, avec le cas de Camille Pilet, commence à s’intéresser aux médecines douces, aux thérapies alternatives comme la macrobiotique, l’iridologie et entame un attrait pour l’ésotérisme.

1982 !

Luc Jouret crée le Club Amenta (qui se renomme Atlanta). Par la suite, il effectue plusieurs conférences où il défend l’existence d’une analogie de la démarche spirituelle avec l’homéopathie.

Di Mambro, ayant remarqué la bonne élocution et l’aisance de communication de Luc Jouret, décide de le rencontrer. En parallèle, Di Mambro va se rapprocher de l’Ordre rénové du Temple (ORT), qui se veut comme une résurgence de l’Ordo Templi Orientis et qui avait été créé avec des anciens rosicruciens.

Di Mambro annonce qu’une « grande mission » attend la fondation Golden Way. Il annonce également qu’un « enfant-roi » doit naître au sein de la communauté. Di Mambro a rapidement le projet que Dominique Bellaton, jeune femme toxicomane qui aurait été recherchée par des proxénètes pour l’assassiner et qui s’intègre à l’ordre à la demande de ses parents, soit la mère porteuse de « l’enfant cosmique ». Une cérémonie dans la crypte de l’ordre, avec effets spéciaux (une épée touche le ventre de la jeune femme devant l’assistance et un éclair de lumière surgit), contribue à confirmer aux membres les pouvoirs surnaturels de « conception théogamique » des dirigeants, sans rapport sexuel, alors qu’en fait, Dominique est sa maîtresse et est enceinte depuis quelques semaines. L’enfant, Emmanuelle (de son nom cosmique Chris car porteuse du Christ), naît le 22 mars 1982.

1983, arrivée de Luc Jouret

À la mort de Julien Origas, leader de l’Ordre rénové du Temple, Di Mambro pousse Jouret à reprendre cet ordre qui en devient le nouveau Grand Maître la même année. La nomination de Luc Jouret provoque immédiatement une scission au sein de l’Ordre rénové du Temple d’où va naître l’Ordre international chevaleresque de Tradition solaire (OICTS) dont il prend alors la direction.

1984, Ordre du Temple Solaire

La Fondation Golden Way et l’Ordre international chevaleresque de Tradition solaire fusionnent pour donner naissance à l’Ordre du Temple solaire (OTS) en mêlant divers principes des structures précédentes et regroupant plusieurs membres de pays francophones. Luc Jouret en est le conférencier et recruteur et devient le Grand Maître bien que le véritable cerveau et maître des finances de l’organisation soit Jo Di Mambro.

Les objectifs affichés du groupe étaient :

  • Reconnaître et rassembler une élite spirituelle afin de la préparer, par l’étude des Hautes Sciences, à participer à des travaux en vue de perpétuer la Conscience UNE et la VIE dans le temps et l’espace.
  • Prendre une part prépondérante et active à l’édification des Centres de Vie.
  • Former à travers le monde une chaîne de fraternité véritable, au service des forces positives et du Temple unifié, constitué par l’ordre du Temple solaire.

L’organisation change souvent d’inspiration mais ceux-ci sont principalement inspirés par l’ésotérisme et l’occultisme de par sa croyance en l’existence et en l’efficacité de pratiques qui ne sont reconnues ni par les religions, ni par les sciences, et requièrent une initiation particulière.

1985, l’OTS s’implante au Canada

Di Mambro décide d’implanter un centre de survie au Canada dans la perspective d’une éventuelle guerre nucléaire. Un domaine, nommé Sacré-Cœur, est acheté à Sainte-Anne-de-la-Pérade, au Québec, afin d’y créer une ferme biologique. L’organisation a créé plusieurs filiales, soit officielles soit cachées afin de financer ces achats immobiliers.

Mais également en Suisse 

Avec l’argent des membres, il achète plusieurs autres maisons pour les activités de l’OTS (dont une ferme à Cheiry (Canton de Fribourg) gérée par le membre Albert Giacobino).

Mise en place de l’idéologie pseudo-ésotérique de l’OTS

La même année, Di Mambro demande à Tabachnik de faire des écrits afin de s’en inspirer pour « grandir au sein de l’ordre », nommés « Les Archées ». Ceux-ci, au nombre de 21, sont écrits par Michel Tabachnik à partir de la bibliothèque ésotériste héritée de son père et des emprunts aux ésotéristes Raymond Bernard (fondateur de l’ordre des rose-croix AMORC), Carl Gustav Jung et Jacques Breyer qui inspire les références aux Templiers et qui donne quelques conférences à l’OTS. Ces écrits, peu compréhensibles par les membres, sont alors expliqués par plusieurs conférences que donne Tabachnik à travers le monde.

1986, premières dissensions !

Antonio Dutoit, membre de l’OTS, évoque la mégalomanie, les supercheries et les malversations des chefs. Il dénonce le comportement de Joseph Di Mambro qui menait alors un train de vie contraire à ses enseignements. Il accuse également une mise en scène de tours de magies lors des cérémonies. Par la suite, le fils de Di Mambro, Elie, révèle les aspects financiers louches de son père. À la vue de ces informations, quelques membres et plusieurs donateurs (dont des notables, industriels, propriétaires) réclament le remboursement partiel des fonds qu’ils ont engagés alors que cet argent a été détourné pour investir dans des entreprises fictives, propriétés ou pour les fondateurs qui ne se refusent rien (villa, voiture de luxe, voyages). Joseph Di Mambro promet de restituer les sommes demandées mais les démissions de plusieurs membres de l’OTS se succèdent. La villa de Saconnex-d’Arve est vendue et Di Mambro garde seulement les membres les plus dévoués très proches de lui. Les autres membres n’étaient plus vraiment au courant des réunions et événements de l’OTS.

1990…

Luc Jouret, ayant abandonné sa profession d’homéopathe pour se consacrer pleinement à l’OTS, commence à effectuer des conférences sur le développement personnel dans diverses entreprises, universités et banques, principalement au Québec mais aussi en Suisse, en France et en Belgique. Di Mambro, voyant d’un mauvais œil ces conférences, car « diffusant les idées et principes de l’OTS au public », commence à saborder les conférences de Jouret qui finalement abandonne ses activités et devient totalement dépendant de Di Mambro. De retour en Europe, Joseph Di Mambro, Camille Pilet et Alexandre Borgeaud s’achetèrent un terrain à Salvan (Valais) et y construisent trois chalets (Luc Jouret habitera dans celui de Di Mambro).

1994 l’année des premiers massacres !

Joseph Di Mambro, confronté à de plus en plus de critiques de la part des membres, décide de modifier ses enseignements et de prêcher un transit vers une autre planète, il convoque tous les membres et fidèles de l’OTS, et explique que la mission du Temple arrivait à sa fin et que les dirigeants de l’OTS disparaîtraient sur l’étoile Sirius. Les autres membres devront reprendre le flambeau.

Devant l’ampleur des contretemps, la décision du transit vers Sirius est prise. Afin de préparer le transit, Joseph Di Mambro confie des missions particulières à ses membres proches les plus dévoués. Plusieurs étapes sont organisées :

  • L’élimination des traîtres ;
  • L’exécution des membres d’accord avec le principe du transit qui acceptent la mort physique.

Le 30 septembre 1994, Dominique Bellaton attire le couple Antonio Dutoit et Suzanne Robinson, ainsi que leur bébé de 2 mois Christopher-Emmanuel, dans le chalet de Di Mambro au 199 chemin Belisle à Morin-Heights (Québec). Étant considérés comme des traîtres par Di Mambro, celui-ci demande leur exécution selon un rituel précis. Di Mambro associe alors l’enfant du couple Dutoit comme l’Antéchrist et doit être éliminé par deux chevaliers de la secte, soit Jerry Genoud et Joël Egger, afin de prévenir à sa réapparition. La famille est alors assassinée. Dominique Bellaton et Joël Egger repartent pour la Suisse le 30 septembre à 22 h 1021 pendant que Jerry Genoud et son épouse Colette nettoient les lieux, incendient le chalet et se donnent la mort.

Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1994, en Suisse, deux incendies se déclarent : un vers 23 h 55 à la ferme « La Rochette » à Cheiry et un autre dans trois chalets, au lieu-dit « Le Fond du Ban », à Salvan. Lors de l’arrivée des pompiers, ceux-ci découvrent 23 personnes mortes à Cheiry et 25 à Salvan. Les victimes étaient, dans la plupart des cas, « revêtues d’une cape rituelle blanche, noire ou dorée, selon le degré d’initiation atteint ».

À Cheiry, vingt victimes sont mortes d’une ou de plusieurs balles dans la tête, deux étouffées par un sac plastique autour de leur tête et une autre probablement de la même manière le 3 octobre. 22 personnes présentaient dans leur sang du flunitrazépam et une du théobromine. Le bâtiment, fermé de l’intérieur, a ensuite été incendié le lendemain par un système de mise à feux automatique.

1995, de nouveaux massacres !

Dans la matinée du 5 décembre, 300 plis destinés aux médias, à d’autres adeptes et à plusieurs personnalités politiques ou publiques, dont Charles Pasqua, seront envoyés par Patrick Vuarnet (fils de Jean), membre de la secte, selon les consignes de Di Mambro. Ces courriers divers contenaient principalement des messages extraits des croyances de l’ordre. C’est à ce moment que les personnes extérieures à l’ordre découvrent la volonté de transfert vers l’étoile Sirius.

Dans la nuit du 15 au 16 décembre 1995, seize personnes — treize adultes et trois enfants de 2, 4 et 6 ans — ont été immolées au lieu-dit « Le Trou de l’Enfer », dans une clairière isolée du plateau du Vercors, près de Saint-Pierre-de-Chérennes (Isère) en France.

L’enquête menée par la Section de recherches de la Gendarmerie nationale de Grenoble qui a confié les expertises techniques à l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) a déterminé que quatorze personnes avaient été tuées par une ou deux balles de pistolet 22 Long Rifle, après avoir absorbé des sédatifs, puis incendiées à l’aide de bois et d’essence. Selon la théorie des enquêteurs, les deux exécuteurs seraient l’inspecteur Jean-Pierre Lardanchet et l’architecte André Friedli. Ils se seraient tiré une balle de 9 mm parabellum dans la tête (armes retrouvées près de leurs corps) en se jetant dans le foyer. Le Procureur de Grenoble a alors ouvert une information judiciaire pour « assassinats » et « association de malfaiteurs » avec possibilité de complicité extérieure.

À la suite de ces événements, la peur des sectes s’installe parmi la population française et suisse.

À Salvan, il se révèle qu’il a été injecté aux victimes (ou qu’elles se sont injectées elles-mêmes) un poison à base de curare, d’opioïdes et de benzodiazépines. Par la suite, les chalets ont été fermés de l’intérieur et ont été incendiés également par un système de mise à feux automatique. Les corps se trouvaient seulement dans deux des trois chalets.

Cet article s’appuie partiellement sur la page dédié à l’Ordre du Temple du site Wikipédia

  1. SAC : Le service d’action civique (SAC) a été, de 1960 à 1981, une association au service du général de Gaulle puis de ses successeurs gaullistes. Elle est créée à l’origine pour constituer une « garde de fidèles » dévouée au service inconditionnel du général après son retour aux affaires en 1958. Ses statuts mentionnent qu’il s’agit d’une « association ayant pour but de défendre et de faire connaître la pensée et l’action du général de Gaulle ». Le SAC est issu du service d’ordre du Rassemblement du peuple français (RPF), qui s’était régulièrement opposé au service d’ordre et aux militants communistes dans des affrontements violents, de 1947 à 1955. ↩︎
  2. Charles Pasqua est un homme politique français, né le 18 avril 1927 à Grasse (Alpes-Maritimes) et mort le 29 juin 2015 à Suresnes (Hauts-de-Seine). Résistant à l’âge de 15 ans, il est ensuite militant gaulliste dans le Sud de la France. Licencié en droit, il travaille pour la société Ricard en tant qu’agent commercial, puis termine numéro deux de l’entreprise en 1967, lorsqu’il est contraint de la quitter. Au tournant des années 1960, il rejoint le Service d’action civique (SAC), une association controversée de maintien de l’ordre politique pour la protection du général de Gaulle et de ses partisans, créée au plus fort de la période agitée de la guerre d’Algérie ; il en est le premier vice-président de 1967 à 1969. Il s’implante en 1968 dans les Hauts-de-Seine, où il devient député puis sénateur et président du conseil général. Il est nommé Ministre et occupe notamment les postes de Ministre de l’Intérieur sous les Présidences de la République de François Mitterrand et Jacques Chirac. ↩︎
  3. AMORC : L’Antiquus Mysticusque Ordo Rosae Crucis (nom latin, en français : « Ancien et mystique ordre de la Rose-Croix »), également connu par le sigle AMORC, ou encore sous la terminologie « ordre de la Rose-Croix », est une association loi de 19011 qui se définit lui-même comme étant « un mouvement philosophique, initiatique et traditionnel mondial, non sectaire et non religieux, apolitique, ouvert aux hommes et aux femmes, sans distinction de race, de religion ou de position sociale. Sa devise est : « la plus large tolérance dans la plus stricte indépendance ». Il affirme aider ses membres à atteindre un certain équilibre humain par la réalisation d’une maîtrise personnelle au travers d’une doctrine d’ordre ésotérique et mystique.. ↩︎

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